21/12/2011

L'air frais est revigorant.

Dans l'édito du magazine de la Ville de Nancy, M Rossinot recadre les docteurs ès-place Charles III et les experts de la 11 ème heure.  (Lire ci dessous)
Il resterait encore à définir qui sont ces "auto proclamés", mais l'usage du flou est ici sans doute plus commode pour arroser large. 
En bon tribun, rompu depuis plusieurs décennies au jeu politique, parfois sans pitié, ces définitions assassines contribuent sans doute à ces échanges croustillants censés donner un peu de caractère et de relief au dialogue républicain.
En ne nommant personne, son message est adressé à tous, car beaucoup de nancéiens (un peu, beaucoup, passionnément...) ont sur ce projet de la place du Marché développés soit une analyse, une critique ou une envie personnelle. 
Quant au "laisser faire", historiquement il n'a pas que des vertus.



Pour finir la lecture de ce Nancy magazine, le groupe des élus de gauche a lui aussi droit à sa tribune libre. (Lire ci dessous). Comme j'ai pu le dire précédemment, la réflexion autour du projet de la place du Marché intéresse toutes les sensibilités politiques et la démarche initiale contre la statue équestre était citoyenne et non partisane. 
Que les élus de gauche se félicitent aujourd'hui de la "Renaissance avortée d'une statue" et savourent cette "reculade" comme une victoirec'est un grand classique du "je" jeu politique, un type d'échanges codifiés, un peu datés et sans intérêts.
Que ce groupe de gauche goûte cette opportunité, il en a tout à fait le droit pais pas le privilège.
Un esprit malin aurait pu saluer en priorité la nouvelle chance offerte à cette place, privilégiant les projets futurs plutôt qu'une auto-célébration.


Dans ce dossier nous pouvons aussi regretter que les élus de la majorité et les responsables culturels de la ville n'expriment pas plus de sentiments ou convictions personnelles devant certaines alternatives ou choix s'offrant à la cité. Ce muselage ou auto-mutilation, donnant quitus à une étiquette strictement politique limite le débat des idées citoyennes. 
En parlant du rôle de la Place dans la cité, de l'Agora dans son sens noble, c'est aussi la place de la parole retrouvée s'échangeant librement. 

Mais nous n'en avons pas fini avec ce numéro de Nancy Mag, car page 12 et 13, (lire ci dessous) se trouve la partition qui a été jouée au palais des Congrès le 15 décembre 2011 à guichet fermé.
Quelques bémols cependant concernant l'interprétation : Pierre Yves Caillault a bien du mal à parler de Place Charles III, lui préférant naturellement (comme la majorité des nancéiens) la Place du Marché. 
Pour renoncer au nom de Charles III, (après la rue, le parc et l'école) il faudrait sans doute un peu de bon sens, de courage ou de mobilisation, mais ce sont encore des denrées rares...


Lors de la soirée au Palais des Congrès, M Rossinot a salué l'interprète du rôle principal, Jean Marie Duthilleul, par un :"Vous êtes un formidable conteur..."
Et c'est vrai que notre urbaniste use sans façons de sa faconde pour dérouler ses plans et nous rendre intelligible le langage architectural. Quant au final, il nous dévoile ensuite tous les éléments de confort qui peuvent s'intégrer dans l'espace urbain, bancs divers, signalétique, espaces verts, etc, rien ne manque. 
C'est presque une ville idéale qui nous a été proposée sur catalogue.

M Duthilleul a également donné la réplique à quelques questions autour des parterres de fleurs et de la place de l'eau dans l'espace public. Son intérêt et son dévouement pour y répondre, gratifiant avec insistance chaque questionneur de l'auréole de la pertinence, tenait plus du discours d'un politique en campagne que d'un architecte en consultation. 

Le bouquet final fut de nous montrer une sculpture, pour agrémenter l'espace, sans nommer l'artiste et l'objet en question : The Cloud, oeuvre d'Anish Kapoor sise à Chicago, d'un coût de ...23 millions de dollars. (environ 18 millions d'euros). No comment...


Un architecte a peut être en rêve la tentation de choisir une oeuvre qui refléterait la sienne dans une mise en abîme narcissique. Ah Ego, quand tu nous tiens!

Pour ce qui est de l'Art et son intégration dans la ville, Nancy a désormais son spécialiste, Georges Verney-Carron, galeriste Lyonnais, directeur d'Art/Entreprise et de l'agence Communiquez.
Sa première contribution en compagnie de l'artiste Philippe Cazal est visible au nouveau parking Kennedy à Nancy.

photo Pierre Mathis, Est Républicain

Suite aux déclarations faites au palais des congrès et à la lecture de l'article de Nancy Mag, nous pourrions imaginer maintenant que les oeuvres d'Art ne doivent pas être "plaquées" artificiellement mais conçues pour les lieux qui les reçoivent et inscrites dès le départ dans le processus de construction.
Cette déclaration en forme de manifeste tout à fait louable et recevable, est aussi le concept du 1% artistique qui existe depuis longtemps. 


Mais la création "In Situ" en amont n'est cependant qu'une composante d'un processus de création en milieu urbain. Au final, le plus important n'est pas tant la manière de concevoir l'oeuvre, mais bien le résultat de l'oeuvre en elle même.
Des concours nationaux ou internationaux font régulièrement appel à des créateurs avec un cahier des charges précis, structurant le cadre d'intervention.
Les créateurs ont aussi la capacité d'intervenir dans des lieux ou espaces déjà bâtis ou "poser" une oeuvre déjà existante. Pour s'en convaincre il faut visiter quelques endroits ou manifestations d'envergure pour juger sur pièces de cette capacité de confrontations réussies.
L'éphémère, le ponctuel sont aussi de belles alternatives qui méritent aussi d'être soulignées en dynamisant les lieux, de découvertes et de propositions renouvelées.


En Art il n'y a pas de règles contrairement à ce que certains voudront bien prétendre. 

Dans le choix d'artistes ou d'oeuvres sur le domaine public, une consultation collégiale est une initiative non seulement appréciée mais souhaitable, échappant à un dictat, fut t'il éclairé, d'une seule personne.

Pour clore cette présentation au Palais des congrès, M Rossinot a invité ceux qui le souhaitent à rejoindre les ateliers de Vie et de Solutions, une proposition tout à fait louable.
S'ensuivit néanmoins un dernier trait en direction d'artistes qui ont fait des pétitions...

Pour mémoire s'il était besoin de le rappeler, "l'activité pétition" n'est qu'une infime partie des occupations de ces dits artistes, dont l'objet initial n'était pas tant de faire signer des gens que de mettre en évidence un projet controversé, un manque de créations contemporaines à Nancy et la place de l'Art dans la ville, sujet débattu depuis lors sur la place publique... 

Allez, soyons fou, nous mettrons cela sur le compte de l'humeur. 
C'est la magie de Noël.

Bonne fêtes et bonne Ville à tous.

daniel Denise
Montréal. Studio paprika.

16 commentaires:

  1. Merci Daniel pour cette démonstration pertinente, juste et réveillante de démocratie et de bon sens ! Tant de voiles bouchent la vision, tant de pâte hypocrite envahit les voix, tant de clous de faconde politicienne nous percent les tympans et cela est devenu l'ordinaire démission de tant d'électeurs de l'accepter !!! Tout est au service de la politique , tout est inféodé aux subsides municipaux et l'art pour lui même, la surprise , le juste dérangement disparaissent ...

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  2. C'est vrai qu'au Palais des Congrès nous avons eu droit à un grand numéro de Duthilleul, cabotin, démagogue et mielleux.
    Nous avons vu plus de politique que d'architecture.

    On n'est pas sauvés...
    En tout cas merci pour vos interventions.

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  3. Merci aussi à vous pour vos commentaires.

    Je me suis aussi permis de réagir en souvenir de notre ami JC Massinon qui n'aurait lui aussi pas aimé être réduit au rôle d'artiste pétitionnaire.
    Il nous manque tellement...

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  4. Vous semblez découvrir le charme de le vie municipale et du petit jeu de rôle contraignant les acteurs à des prises de position un peu futiles, n'apportant aucune lumière au débat.
    Nancy a aussi l'opposition qu'elle mérite...

    Pour ce qui est de Nancy Grand Coeur, tout ça ressemble à une vaste campagne publicitaire.

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  5. Nous risquons de passer par pas d'Art à trop d'Art.

    Pour ce qui est du nouveau parking Kennedy, je suis désolé mais je n'y ai pas vu d'Art, au mieux deux slogans design.
    J'ai raté l'oeuvre ?

    Bertrand.

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  6. Pour le parking il appartient à chacun d'y voir ou non de l'Art.
    J'ai mis un lien vers le site de l'artiste et chacun peut se faire une opinion plus poussée sur son oeuvre.
    Hervé Bize a déjà présenté son travail et l'artiste a eu aussi droit à une expo personnelle au Musée des BA en 2005.
    Après ce n'est qu'une affaire d'appréciations personnelles et personne n'est obligé d'aimer toutes les propositions faites par les artistes, contemporains ou pas.

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  7. Cela devient tentant : une année 2012 pendant laquelle se développerait une juste indignation contre toutes les vessies qu on nous a présentées comme des lanternes et que par habitude un peu débonnaire on laissait presque nous éclairer ...
    J espère , Daniel, que ce souhait d exigence va être pris dans son bon rebond par les élus de tous poils et les citoyens de même bigarrure ...

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  8. Pour construire et ornementer la ville nous allons chercher ailleurs des experts qui coûtent un bon paquet, mais pour la gouvernance de cette ville ne devrions nous pas faire la même chose ?
    Rossinot n'est pas un tendre et depuis longtemps il confonds la démocratie avec le pouvoir, petit monarque dans sa ville.
    C'est triste.

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  9. Restons factuel, il y a assez de joutes stériles qui pourrissent les échanges.

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  10. Rossinot s'entoure à haut prix d'experts tout azimut, cela pourrait compenser l'inexpérience des élus mais le problème est que les "salariés experts " se mettent à obéir et diluer leurs compétences dans la soupe politique et démagogue ou autoritaire, selon les besoins.Tout se mêle, c'est difficile de rester juste et droit. Etre maire c'est un statut difficile mais auquel il est difficile de renoncer, et porter sa vision des choses reste soumis à l'échéance électorale. Rien à nancy n'a l'envergure de ce qui se fait à strasbourg, question sans doute de moyens financiers et aussi , à nancy, des cerveaux universitaires monomaniaques de leurs sciences respectives et peu ouverts à la réflexion citoyenne, à l'engagement, à la livre parole.
    Nancy, c'est petit.

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  11. le fouillis, le désordre, en bonne mesure, le cafouillage, l'impromptu, l'inattendu ...cela manque à Nancy, et plus, cela fait peur ...
    Pourtant dans les banlieues de Lyon, les saccages du passé, contre la vie trop organisée et sans âme ont été analysés et chacun sait que cela est nécessaire, vital, humain, ouvert. L'art pris en main par un expert qui unifie tout, qui donne du sens, cela vire à l'art tel qu'il est tenu en laisse par certains petits dictateurs.

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  12. Il semble que les idées émises par votre groupe de petits vilains pétitionnaires ont fait cependant leur petit chemin ... Le Maire a-t-il avec vous reconnu le bien fondé de vos réflexions ?

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  13. Le Nancy frustré d'A Rossinot

    La vision rêvée de Nancy, où l'art aurait une place, ahaha, où l'art serait l'objet de désir et de jouissance n'existe pas. Qu'avez-vous, chers pétitionnaires, pu présenter à M Rossinot ? Que souhaitiez-vous au fond ? qu'avez-vous pu exprimer de clair ?
    Si vous ne l'avez pas fait, ou si on ne vous a pas entendus, ou si on vous a entendus et fait autrement, c'est que du côté de la mairie, reste ce drame : l'art est soumis à une grande frustration. Il n'existe que comme fantasme, objet servile, sans esprit ni sentiments, sans corps désiré associé à une pensée admise du côté du partenaire. C'est de l'érotisme sans partenaire, comme chez ces hommes qui dénient aux femmes la qualité de personnes, comme chez ces hommes qui nient le dialogue érotique. et prennent les corps comme des objets, en les payant parfois. Le désir d'art à Nancy ne parvient pas à la l'acte physique, il s'éteint. Pas de relation d'amour mutuel, pas d'échange. Aveugles au désir des autres, aux besoins des autres, à leur grâce et leur fragilité, les responsables et programmateurs d'art , comme certains hommes à plaindre, ne veulent que se satisfaire eux-mêmes. Pourtant la ville est un univers de désir constant, à fleur de peau...
    L'inassouvissement du désir d'art est donc un sujet de réflexion que je livre à votre réflexion,à votre intime réflexion...

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  14. la façon dont mr Rossinot voit l'art......
    http://www.lasemaine.fr/2011/11/03/andre-rossinot-repond-aux-petitionnaires
    André Rossinot écrit : « Le choix de l'inox pour habiller le bâtiment d'angle entre l'avenue du XXe Corps et le quai Sainte-Catherine s'explique à la fois par son caractère de matériau noble, durable et de qualité mais aussi par la volonté de créer un signal capable de faire le lien entre tradition et modernité. Tout geste architectural avant-gardiste fait débat. Ainsi en fut- il en son temps du mouvement Art Nouveau ou encore de l'architecture des années 1950 de Jean Prouvé. » Pourtant, ajoute le maire, « l'avenir leur a rendu hommage et leurs œuvres sont aujourd'hui intégrées et reconnues comme faisant partie de l'identité du patrimoine nancéien.
    il s'entend répondre :
    " Tout geste architectural avant-gardiste fait débat. Ainsi en fut- il en son temps du mouvement Art Nouveau ou encore de l'architecture des années 1950 de Jean Prouvé. » 
Il y va fort notre bon maire !,
comparer ce futur bloc en béton que l'on croirait issu du Haut du lièvre des années 60, au prétexte qu'il serait agrémenté sur l'une des façades de plaques inox, cet immeuble serait une oeuvre d'art !!!!!!
trop fort le discours, et, il va nous être rabâché sur tous les tons par toute l'équipe municipale,
le projet n'en sera pas plus de qualité !
Il existe effectivement des projets architecturaux avant-gardistes, Le centre Beaubourg metz en fait parti 
,il n'est qu'à regarder l'image que vous présentez en tête de votre article pour comprendre que ce projet ci n'a rien d'avant-gardiste ! personnellement je le qualifierais même d'arrière arrière garde !
M. Rossinot est un bon vendeur, mais pour un mauvais projet, ça ne suffit pas 
    Cette affaire ressemble étrangement à celle du Cavalier Charles III, dont M. Rossinot voulait imposer la statue au milieu de la place du marché,
cette statue comme l'immeuble république, ou le pâté de maisons prévu sur le site de l'île de Corse ,ne présente aucune idée nouvelle !!
toute personne s'étant de près ou de loin intéressée à ses affaires se rend bien compte qu'il ne s'agit aucunement de quelque pensée artistique ou architecturale que ce soit ,
les idées architecturales ne manquent pourtant pas!!! :
guggenheim new york
guggenheim bilbao, 
Les tours jumelles Petronas de Kuala Lumpur en Malaisie
et des dizaine de milliers d'autres créations architecturales majeures auraient pu nous inspirer !
En lieu et place de tout ça nous allons-nous trouver (parce que le dossier est déjà bouclé) face à un nouveau pâté de maisons sans aucune originalité malgré les dires de M. le maire
que faire que dire, si ce n'est signer une petite pétition avec d'autres personnes pleines de bonne volonté de bon sens............ 

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  15. En ce qui concerne l'architecture à Nancy, il y a de suffisamment d'architectes et une école pour analyser et répondre à cette question et je ne sais pas qui oserait et pourrait juger publiquement du travail d'un confrère.
    C'est vrai que sur les centaines de bâtiments récents , peu apportent un vrai souci d'engagement et d'innovations. Celui de l'ile de corse a au moins le mérite de faire un peu bouger le petit monde planplan des architectes.

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