A Monsieur André Rossinot,
Ancien ministre, maire de Nancy
Le 19 mars 2011
Monsieur le Maire,
C’est avec un grand enthousiasme que je voulais par la présente vous féliciter de la force et de la pertinence de l’œuvre d’art installée dernièrement en lieu et place de l’ancienne maison d’arrêt. Cet amas de pierres concassées est extrêmement puissant par sa qualité plastique et évocatrice. Sa blancheur renvoie en effet de façon assez subtile, bien que directe, à la noirceur de tant des destins qui se sont croisés en ces lieux marqués par la grande comme par la petite Histoire des Hommes.
A un autre niveau, l’accumulation de ces multitudes d’éléments différents pour aboutir à cette forme à la fois archétypique, unique et unitaire, renvoie à des questions existentielles de façon très opérante, quoiqu’un peu convenue.
Cette œuvre véritablement à l’échelle de son site, pensée et réalisée à la dimension de ce qui s’y est joué ou noué, rassure le citoyen quand à vos inclinations artistiques. En effet, je dois reconnaître que je suis parmi ceux qui s’interrogent de votre détermination à doter Nancy, au XXIème siècle, d’une statue équestre « à l’ancienne », sur ce qui sera l’ancienne place du marché.
Certaines villes, notamment voisines, font plus confiance au monde artistique contemporain, assumant si nécessaire les dérangements parfois salutaires causés dans les esprits de façon collatérale...
La qualité plastique de la sculpture que vous avez choisie pour l’ex-place du marché n’est pas forcément en cause, bien qu’on puisse s’interroger sur le pari qui consiste à affirmer qu’en augmentant l’échelle d’un objet, ses qualités puissent être maintenues (car j’ai bien noté que la fameuse statue sera réalisé en bronze à partir d’un modèle réduit exposé au Musée Lorrain, agrandi de façon considérable). Ce qui est regrettable, c’est le peu de projections interrogatives et de mises en questions personnelles ou sociétales auxquelles ce type de bronze peut conduire le passant et le citoyen. En plus de son échelle véritablement urbaine et paysagère, la subtilité et la poésie de l’œuvre mise en place avec tant de discernement sur le lieu de l’ancienne maison d’arrêt me semblent lilustrer ce point de vue.
En vous remerciant donc pour la démonstration que vous faites à vos administrés quand à la pertinence de l’Art Contemporain lorsqu’il permet d’ouvrir les esprits en plus que de ravir les sens, veuillez recevoir monsieur le Maire, l’expression de mes salutations distinguées.
Paul-Otto De Nisco
Dommage que ce courrier ne soit signé que d'un pseudo.
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